Par Pierre Yvan Belinga
Du 11 au 22 novembre 2024, Bakou va partager son statut de capitale Azerbaïdjanaise avec celle de capitale mondiale de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 29). Ces négociations suscitent des interrogations croissantes quant à sa pertinence et sa crédibilité pour faire face à l’urgence climatique mondiale. L’événement, censé rassembler les acteurs de la scène internationale autour d’une ambition commune, est déjà terni par des absences marquantes et des critiques sur la sélection de son pays hôte, principal exportateur de pétrole et de gaz naturel.
Un contexte climatique plus que dramatique
La série d’événements climatiques extrêmes en 2024 rappelle l’urgence d’une action collective. L’été le plus chaud jamais enregistré, graves inondations en Espagne, au Kenya et au Brésil, méga-feux au Canada et en Californie : les effets néfastes du dérèglement climatique sont de plus en plus visibles. Dans son dernier rapport, l’Organisation des Nations Unies souligne que «sans réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, le monde pourrait être confronté à une augmentation inévitable et catastrophique de la température de 3.1°C» au cours du siècle. Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, a de nouveau sonné l’alarme en rappelant que: «Soit les dirigeants parviennent à combler l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, soit nous plongeons tête baissée dans une catastrophe climatique affectant les plus pauvres et les plus vulnérables».
Controverses autour de l’organisation de la COP29
La présidence de la COP29 par Mukhtar Babayev, ancien cadre de la société pétrolière State Oil Company of Azerbaijan Republic (SOCAR), aujourd’hui ministre de l’Écologie de l’Azerbaïdjan fait l’objet d’accusations d’ingérence des lobbys des énergies fossiles dans les négociations climatiques. Ce scénario ravive les inquiétudes formulées lors de la COP28 à l’issue de laquelle l’Accord de Dubaï a fait le plaidoyer pour une transition «hors des énergies fossiles» mais sans de véritable mécanismes de contrainte. L’Azerbaïdjan se positionne comme un thuriféraire du gaz naturel que le président qualifie d’ailleurs de «don de Dieu». Ce qui préfigure les alliances à nouer entre soucis de compétitivité économique ou de rentabilité financière et enjeux climatiques.
Un processus de négociation affaibli
Les absences de figures clés comme Emmanuel Macron, Xi Jinping ou Lula da Silva renforcent les fractures géopolitiques autour de la question climatique. Le retour à la présidence des Etats-Unis du climatosceptique Donald Trump pourrait également compliquer les négociations en plus de son désintérêt affiché pour les engagements internationaux. Par ailleurs, les pays en développement, souvent les plus vulnérables, ainsi que les petits États insulaires déplorent un manque d’engagement financier, à l’aune des échanges sur le Fonds de financement climatique (1).
Des inquiétudes formulées sur le processus de la COP
Des experts ont fait savoir que les négociations climatiques de la COP ne paraisent «plus adaptées à leur objectif» (2). La lenteur des négociations, qui nécessitent un consensus de près de 200 pays, contraste avec l’urgence d’une transition rapide. Dans une correspondance signée et adressée aux Nations Unies, lesdits experts dont l’ancien secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon ou encore l’ancienne responsable du climat de l’ONU Christiana Figueres notent que « sa structure actuelle ne peut tout simplement pas assurer le changement à une vitesse et à une échelle exponentielles, ce qui est essentiel pour assurer un atterrissage climatique sûr pour l’humanité ». L’on assiste dès lors à une multiplication des appels à un refondation des COP, qui devraient se tenir plus souvent et orientées vers des engagements contraignants.
Un processus sous pression mais porteur d’espoir
Pour certaines parties prenantes, malgré tout, « le processus de la COP est un véhicule essentiel et irremplaçable pour soutenir le changement multilatéral, multisectoriel et systémique dont nous avons besoin de toute urgence. Aujourd’hui plus que jamais. », a rappelé Christiana Figueres, ex-responsable climat de l’ONU. Les discussions autour du financement climatique, du renouvellement des Contributions Déterminées au niveau National (CDN) et la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris demeurent encore des opportunités pour des avancées concrètes.
La COP29 intervient dans un contexte où la contradiction entre ambitions climatiques et intérêts nationaux est plus vive que jamais. Si elle échoue à établir des engagements clairs et contraignants, la COP pourrait perdre un peu plus sa crédibilité. Néanmoins, la capacité de ces conférences à rassembler un large éventail d’acteurs reste un immense atout de la gouvernance climatique mondiale. L’avenir de ces rencontres climatiques dépendra, entre autres, de sa capacité à se réformer pour répondre aux attentes d’une société civile de plus en plus impatiente.
Les COPs sont devenues de simples rendez vous de discussion sur les enjeux climatiques sans véritable intérêt de changement et de lutte contre le changement climatique. Dans un an, on aura encore une discussion dessus qui ressemblera trait pour trait aux précédentes rencontres. Le truc à mon avis ce que la problématique du changement climatique dans les pays du Sud n’est pas aussi important raison pour laquelle des mesures peines à être prises puis implémentées.
Il appartient aux Etats du Sud de mettre sur pied des moyens pour lutter contre le péril climatique sur le continent.