Gaston Vogel est ce qu’on appelle en langage judiciaire un ténor du Barreau. Indigné toutes les minutes, il a en lui un côté révolutionnaire tel un Fidel Castro, personnage qu’il admire. Après tout, les grands sportifs abhorrent la défaite, les grands avocats la défaite et l’injustice.
Entouré d’une bibliothèque de littéraire et de tableaux inspirés de la façade du domicile de Gainsbourg, maître Vogel respire culture. Entre deux fureurs il cite ses auteurs fétiches. Malgré son appétence pour la littérature, Monsieur Vogel est bien avocat: il parle mieux qu’il n’écrit.
Convaincu, il n’hésite pas à le dire fort. Très fort. Tant quand il parle de l’UE et d’Orban que quand il évoque les exactions des « Yankees » au Vietnam ou en Irak.
Il se dit « homme de gauche ». Kundera disait qu’être de gauche signifie « marcher dans la direction de la justice ». Dans cette définition, il y a deux éléments. Se faire une certaine idée de la justice. Peu de personnes peuvent le soupçonner de ne pas cocher cette case. Par contre, il y a le fait de marcher vers une direction. En petites lettres: on excommunie les personnes qui émettent des doutes sur l’itinéraire choisi pour arriver à l’utopie. Historiquement, elle a tendance à pratiquer le procès en pureté idéologique.
Dans le domaine, je doute fortement que maître Vogel soit de ceux qui se laissent mener docilement par le troupeau qui marche.
L’habitué des prétoires se distingue surtout par une stupéfiante liberté de ton. Sans filtre, il n’hésite pas à s’attaquer à ce qu’il y a de plus précieux pour certains: la religion. Dans ce domaine, il évoque fièrement son livre La vie des saints, « S-A-I-N-T » nous précise-t-il, qui a l’époque avait fait mouche au sein de la rédaction de Charlie Hebdo. Ils en ont fait des illustrations.
À la question proustienne: Quelle est la qualité humaine que vous appréciez le plus? Il répondra le secret. Institution incontournable pour un avocat. On en conclura qu’il ne s’est pas trompé de robe.